Les époux Arnolfini / 2018 / armoire / dimension variable.

Les époux Arnolfini sont deux armoires bretonnes accrochées au mur, à hauteur des yeux. Véritable portrait de couple, l’absence du tableau ne dénature pas le propos: il existe, dans ce qui est à voir, des qualités artistiques et artisanales qui demeurent dans cette référence à Van Eyck et son tableau éponyme. Si l’austérité et la rigueur de l’époux se retrouvent dans l’armoire de gauche, la coquetterie et la gestation de l’épouse se retrouvent dans l’armoire de droite. Le miroir  lui, qui représente dans cette peinture du primitif Flamand le témoin de la scène, fait directement office de reflet du témoin de l’œuvre: nous, le spectateur et l’artiste: moi.  

Si l’œuvre agit comme un palimpseste d’une œuvre antérieur, elle témoigne aussi de l’effacement discret, mais bien réel d’une partie du patrimoine français (ou du moins breton). Les armoires, témoins de richesses et d’accomplissement, censé durer plusieurs générations, sont une matière première destinée à l’oubli et à la destruction. Devenu sans valeur dans un monde qui simplifie les codes de l’objet, dont les portes standardisées n’acceptent plus ce type de meuble. Il n’est pas rare dans les campagnes de voir des feux de mobilier, effaçant sans retour le travail et l’histoire de l’objet. Il est donc question d’hommage ici, et de respect, pour un travail qui méritait peut-être simplement d’être accroché comme une peinture pour retrouver sa place.